jeudi 3 février 2011

b.) La forêt: un monde d'ombre dans les contes



Le Petit Chaperon Rouge, Gravure (1883)
de Gustave Doré
 
{"La forêt, c'est l'ombre avant la lumière ..."}

     Elle s'oppose à tout cadre familier et rassurant. Elle conduit, au contraire, le personnage vers des évènements ou êtres effrayants voir maléfiques. Ceux-ci sont le plus souvent des marmousets, des farfadets, des trolls, des géants, des ogres ou encore des enchanteurs des temps anciens. On retrouve d'ailleurs, dans "Le Petit Chaperon Rouge", où on y a peur et où la petite fille rencontre un animal sauvage dangereux : le loup ou encore l'ogre du "Petit Poucet". Heureusement, certaines créatures sont inoffensives comme les nains dans "Blanche-Neige".
     Comme nous l'avons dit précédemment, la forêt n'est pas un endroit rassurant, mais c'est pourtant un lieu vers lequel on s'enfuit :"La pauvre enfant s'enfuit, et alla se sauver dans la forêt", mais c'est aussi un endroit où l'on se perd facilement: "Le prince lui dit qu'en chassant il s'était perdu dans la forêt" ("La Belle au Bois Dormant").
     Dans la forêt, l'Homme ressent sa faiblesse, se révèle à lui-même, en lui soumettant toutes ses angoisses. Il est donc poussé à se confronter à des hostilités, à l'inquiétude, à l'inconnu et par conséquent à lui-même. C'est aussi un endroit où règne la mort: "L'image de la mort s'y présentait partout [dans la forêt], et ce n'était que des corps étendus d'hommes et d'animaux qui paraissaient morts [...]" Dans beaucoup de contes, le héros doit faire face à celle-ci. En effet, dans "Le Petit Poucet", les enfants échappent à l'ogre, et donc à la mort. Ou encore dans "Blanche-Neige", lorsqu'elle croque dans la pomme empoisonnée offerte par sorcière. La jeune fille se retrouve alors plongée dans une mort "artificielle", où seul un baiser pourra enlever le maléfice.
     On constate alors un bouleversement de repères pour en établir de nouveaux, afin de construire et de découvrir sa personnalité dans la solitude.

La Belle Au Bois Dormant, gravure, Gustave Doré (1867)
    
     On peut retenir comme exemple, la forêt d'épines dans "La Belle au Bois Dormant" entourant le château au cours des cent ans, durant le sommeil de la princesse. La sauver devient plus difficile à cause de l'obstacle que créent les branchages.
     Mais en réalité, dans les contes, ce n'est pas la traversée de la forêt qui importe, malgré tous les dangers qui s'y trouvent. Mais plutôt ce qu'il y a au-delà, ce qui se profile toujours à la sortie de ce terrifiant passage:

La liberté et la lumière !     

     En effet, l'arrivée à la fin de la forêt est toujours signalée par la lumière: "Le Petit Poucet" grimpa au haut d'un arbre pour voir s'il ne découvrirait rien; ayant tourné la tête de tous côtés, il vit une petite lueur comme d'une chandelle, mais qui était bien loin par-delà la forêt. Il descendit de l'arbre; et lorsqu'il fut à terre, il ne vit plus rien; cela le désola. Cependant, ayant marché quelque temps avec ses frères du côté qu'il avait vu la lumière, il la revit en sortant du bois".


Merlin, Gravure de Gustave Doré 


   

      Merlin habite dans la forêt, et c'est dans celle-ci qu'il subit sa défaite contre la fée Viviane. Il est assis, bouleversé et abattu, sur un chêne. On pourrait croire que l'enchanteur est sur le point de perdre l'esprit. L'arbre abattu est, sans doute, la représentation de la défaite de Merlin. Les arbres à l'allure menaçante en arrière plan pourraient, eux, symboliser l'errance mentale dans laquelle va tomber le héros. Par la suite, il s'adonnera à la folie, toujours dans le même lieu.

2 commentaires:

  1. C'est justement là que le loup a tenté de me dévorer!

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  2. Je peux d'ailleurs te décrire exactement comment cela s'est passé au début: "En passant dans un bois elle rencontra compère le loup, qui eut bien envie de la manger, mais il n'osa, à cause de quelques bûcherons qui étaient dans la forêt". (Extrait du "Petit Chaperon Rouge" de Charles Perrault)

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